Snorri Sturlusson et les Codex runiques
Les Scaldes, précurseurs du poète Snorri Sturlusson
Les sagas, les légendes nordiques, les mythes, les histoires de l'âge de fer durant l'ère viking et le moyen âge n'ont pas été écrits sur des parchemins ou des supports qui pouvaient se transmettre au début des récits, mais chantés ou récités par les scaldes. Ils détenaient les savoirs ancestraux et transmettaient la tradition oralement au travers de poèmes, des récits héroïques et modifiaient parfois les textes pour leur auditoire.
Les rois, les seigneurs et les puissants de ce monde nordique avaient un Skald avec eux pour raconter leurs histoires et mémoriser les événements. Ils étaient très respectés et craints du fait du rang qu'ils occupaient et de l'immensité de leur savoir. Leurs compositions poétiques pouvaient encenser la réputation de quelqu'un ou la détruire. Cependant, ces bardes scandinaves louaient le plus souvent les mérites de leur seigneur et ils en étaient largement récompensés.
La poésie scaldique était si importante, car elle faisait partie de la tradition et se transmettait de génération en génération. Ceci dans le but de perpétuer les anciennes traditions et les histoires des Dieux. La mythologie nordique faisait entièrement partie des codes de la société, c'était bien plus que des histoires, elles véhiculaient les rôles dans la société, l'identité des peuples, les règles, les lois et la culture. À travers les mots des scaldes, les chants et les poésies, la tradition restait vivante sans jamais mourir et s'éteindre .
La tradition orale a commencé à être écrite lors de la transition du paganisme vers le christianisme permettant aux nouvelles générations de continuer à apprendre des anciennes traditions par la lecture. Lors de cette transition, les scaldes ont commencé à travailler dans les églises et raconter les histoires des « Saints « . Ils sont devenus les principaux intermédiaires de la culture chrétienne vers les peuples du Nord. Cependant, ce sont les rois qui ont surtout commencé à se convertir au christianisme et les scaldes ont suivi cette voie. Leurs récits se sont peu à peu modifiés en intégrant des notions de la nouvelle religion monothéiste. Ceci porte donc question sur les textes qui nous sont parvenus, mais sans eux leur savoir se serait éteint et rien ne nous serait parvenu.
L'Edda de Snorri Sturlusson est souvent décriée pour de multiples raisons dont voici un parfait exemple écrit par Maxime Petit « C'est une compilation intéressante, mais indigeste, où les traditions juives, chrétiennes, grecques et romaines se mêlent parfois aux légendes islandaises.
Le tout se termine par une sorte d'art poétique à l'usage des jeunes scaldes. »
Sources : Snorri Sturluson, Edda, traduit et édité par le professeur de vieil islandais Anthony Faulkes de Birmingham en 1995
Les Pays Scandinaves Danemark, Suède, Norvège, Maxime Petit, 1885
Ce cher Snorri Sturlusson, poète, écrivain à l'origine des écrits des mythes germano - scandinaves
Le petit Snorri est né à Hvamm, dans l'ouest de l'Islande, en 1179. Né dans une famille aristocratique respectée, fils de Hvamm-Sturla Þórðarson et de Guðný Böðvarsdóttir, il grandit auprès de Jón Loftsson, l’un des chefs les plus puissants de l’île, mais aussi un grand érudit. En ce temps-là, il n'était pas rare que les enfants de famille riche allassent ( c'est cadeau ) très jeune dans des institutions de grand renom pour les façonner et les préparer à rejoindre des rangs prestigieux des hautes sphères de la société. Ce descendant des Sturlungar vécut à Oddi, découvrit la politique, la littérature traditionnelle norroise et le culte chrétien. Quelques années plus tard, il épousa l’héritière de la ferme de Borg à côté de Borgarnes et devint godi, le chef local.
Cet homme politique désormais très riche et doté d'un grand pouvoir s'est distingué avec ses qualités de poète et d'orateur. En 1215, il devient ( rapporteur des lois) lögsögumaðr du parlement et en 1219, il rejoint le roi Hakon IV en Norvège. Impliqué dans les désordres politiques, les guerres civiles, les trahisons et le choix mal avisé de désobéir au roi, il fut assassiné dans sa cave de Reykholt, à l'âge de 62 ans à l'automne 1241. Sa célèbre Edda est une référence absolue dans l'étude de la mythologie nordique et des runes qui a été écrite dans un monastère.
La thèse mythologique accorde la découverte des runes au Dieu nordique Odin. On notera cependant que l'œuvre a été rédigée plus de deux siècles après la fin du paganisme islandais par Snorri Sturluson. Odin désirait connaître tous les mystères des 9 royaumes et il sacrifia l'un de ses yeux afin de boire l'eau de la fontaine de Mimir. Émerveillé par toutes les connaissances que cela lui apporta, il en voulut encore plus et se rendit à Nilfheim, le monde de la glace mais l'accès lui fut refusé. En effet, les vivants n'étaient pas les bienvenus, mais il ne s'avoua pas pour autant vaincu. Afin de percer les mystères du royaume de Nilfheim, il se rapprocha de la mort et il se pendit à l'arbre cosmique Yggdrasil. Transpercé par sa lance Gungnir, affrontant les intempéries, seul, durant neuf nuits pleines, selon la traduction de Régis Boyer parue en 1992.
Extrait Codex Runicus
Extrait Codex Regius
Les Codex Regius et Upsaliensis
Les langues Scandinaves appartiennent à la branche germanique de la famille indo-européenne. Elles dérivent du northmannique, langue unique parlée d'abord par les habitants du Danemark, de la Suède et de la Norvège. Elle se subdivise en deux branches : le norvégien ancien ou norrois et le vieux danois, ce qui a donné naissance au danois moderne et au suédois. C'est pour cela que nous disons que les runes sont germano – scandinaves en référence aux premiers idiomes des peuples germaniques. Le norrois a fourni au norvégien moderne ses racines et les islandais ont gardé longtemps cette langue comme dialecte.
En 1643, l'évêque Sveinnsson retrouva le plus ancien monument des littératures scandinaves, les Eddas, dont la réunion en un seul corpus était supposée appartenir au prêtre catholique Sæmund Sigfusson qui vivait au XIe siècle. Mais ça, c'était avant, car il a été démontré que ce cher Sæmund est mort en 1133 et que le Codex Regius ( livre royal) aurait été rédigé vers 1270. De plus, le Codex Regius entra en possession de Brynjólfur Sveinsson, en 1643 puis celui – ci fut remis au roi du Danemark 30 ans plus tard et de fil en aiguille, il retrouva son fief en Islande.
Ce livre de 45 pages présente une partie poétique mythologique et l'autre héroïque. Ces textes étaient à l'origine destinés à être reçus oralement et visuellement lors d'une représentation. Ses retranscriptions écrites sont arrivées près de 300 ans après la christianisation de l'Islande, laissant en suspens la grande question : Avons – nous un manuscrit transmis fidèlement ou est ce qu'il a été transformé ?
Le Cōdex Upsaliensis, pièce maîtresse de la littérature scandinave contient l'Edda de Snorri où se compile les plus importants récits de la mythologie avec des poèmes épiques et héroïques en plus des compléments de l'auteur.
De nos jours, les récits mythologiques, les films, les séries, les romans mettant en scène Odin, Loki ou des dieux nordiques proviennent originellement de l'Edda de Snorri, rédigé en vieux norrois vers 1200. Régulièrement, des auteurs tentent des traductions, reprennent des éléments et revoient leur copie sur le sens réel des phrases. L'une des difficultés réside dans l'utilisation de métaphores liées à la mythologie et des sources peu nombreuses. Il y en aurait peut – être davantage si le pape Sylvestre II n'en avait ordonné la destruction. Heureusement que c'est plus compliqué de détruire des rochers gravés de scènes mythologiques et de runes. Les pierres runiques ont pu délivrer leurs secrets en résistant au passage du temps.
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RUNES DÉTOURNÉES
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LES PIERRES RUNIQUES
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LE MONDE DE HEL