Les Vikings
Le terme « Viking » écrit ainsi date du XIXe siècle, tout comme le terme « l'ère viking » et sortez les mouchoirs, car ce ne sont pas tous des Scandinaves. Selon les recherches archéologiques relatées par National Geographic en 2020, les résultats affirment que seuls 15% à 30% de leur ADN sont nordiques sur les 450 corps étudiés.Les Vikings de toutes origines établissaient des bases semi-permanentes sur les côtes et les îles côtières puis s'installèrent définitivement sur des comptoirs, notamment près de la Manche, de la mer du Nord et en Russie, du VIIIe siècle au XIe siècle. Ces pirates qui allaient de baie en baie, oui oui ce sont des voyageurs, des explorateurs et des commerçants, des pilleurs, mais en aucun cas un peuple à part entière. En Angleterre, dans un glossaire remontant à la fin du VIIe siècle, le mot latin piraticam (piraterie) est traduit en vieil anglais par wīcingsceaðan. (Sceaða signifie « crime », « vol » ). Pour en savoir plus
La période Viking, selon les historiens, se situerait à partir de l'année 793, date de la mise à sac par les Danois de l'abbaye de Lindisfarne en Angleterre, jusqu'en 1066 avec le cuisant échec du roi de Norvège Harald III qui ne réussit pas à conquérir l'Angleterre et succomba durant la bataille de Hastings. Quant aux runes de l'Elder futhark utilisées en divination, et bien, j'ai le regret de vous annoncer qu'elles sont tombées en désuétude vers 500 de notre ère.
Vikings n'ont jamais eu de cornes sur la tête, pas trop pratique en combat. On ne dit pas merci aux albums d'Astérix. Vous pouvez prendre votre knörr et voguer vers de nouveaux horizons à la recherche de nouvelles informations. Pas de drakkar ? Ce nom sous lequel sont connus les navires Vikings est un barbarisme construit au XIXe siècle, inspiré du terme suédois moderne « drake » dragon, on rajoute un k, une finalité exotique et paf Drakkar. Les Vikings désignaient leurs embarcations, suivant leur forme et leur tonnage, sous les noms de knörr, snekkja et langskip.
À quoi ressemblaient les Vikings ?
À ce jour, une des descriptions qui semble assez réalistes bien que l'auteur ait été souvent dégoûté est attribuée au kurde Ahmad ibn-al-'Abbas ibn Rashid ibn-Hammad ibn-Fadlan , un lettré du Xe siècle qui a laissé un récit de ses voyages au roi des Bulgares de la Volga. Cet homme a été envoyé de Bagdad en 921 comme secrétaire d'un ambassadeur du Calife Al-Muqtadir à Almış. Après son arrivée à Bolğar, Ibn Fadlan se rendit à Wisu où il consigna ses observations sur le commerce entre les Bulgares de la Volga et les tribus finnoises locales. Il présente les Rūs comme des commerçants négociants, accueillants sur les rives proches du camp bulgare. Ces Vikings sont décrits comme ayant les corps les plus parfaits qui soient, aussi grands que des palmiers avec des cheveux blonds ou rouges et une peau vermeille. Tous les hommes étaient armés d'une hache et d'un long couteau. Ils portaient des vêtements qui couvraient un seul côté du corps en laissant une main libre. Ils ont des décorations du cou jusqu'aux pieds, même leurs ongles avec des motifs d'arbre et d'autres figures en vert foncé ou bleu – noir.
Cependant aucune piste historique ne décrit la manière d'effectuer des tatouages ni la raison possible, sans omettre l'idée que ce n'était pas pour autant commun à tous les Vikings ou hommes scandinaves. Cette description est unique, tous les films, les séries, les livres qui décrivent ou présentent des Vikings tatoués proviennent de cette source. Il y a certes une trace archéologique d'une peau tatouée avec des animaux et des dessins, mais c'est très maigre. Le verbe « tatouer » est souvent utilisé à la place de « décorations », dans le texte d'Ibn-Fadlan, or ce mot n'existait pas en arabe. De ce fait, nous ne pouvons pas affirmer qu'il s'agissait bien de tatouages et pas de peintures. J'ajoute qu'il n'a jamais été question de runes tatouées et en soit, l'écriture runique n'était pas destinée à être permanente sur le corps surtout à cette époque.
Il ajoute qu'ils sont assis sur des divans ayant des esclaves et des femmes esclaves qu'ils abusent. « Une personne malade est placée dans une tente, les gens ne viennent pas lui parler, ne viennent pas le voir tous les jours, surtout s'il s'agit d'un homme pauvre ou d'un esclave, il sera laissé à des chiens et des oiseaux de proie. [...] J'ai entendu dire que lors de la mort de leur chef, ils mettent un toit au-dessus de son corps pendant dix jours, alors qu'ils coupent et cousent des vêtements pour lui. Ils divisent ses biens en 3 parties, une pour sa famille, l'autre pour son habit funéraire et la troisième pour des boissons enivrantes qu'ils prennent durant les 10 jours. Certains peuvent mourir le verre à la main. Ses esclaves mourront avec lui et une de ses femmes esclaves sera choisie pour vivre des journées terribles entre abus sexuels, ivresse et autres joyeusetés avant d'être tuée à coups de couteau et placée avec son maître sur un navire enflammé.
La christianisation des Vikings et des peuples scandinaves
Les Vikings étaient des explorateurs qui faisaient du commerce sur diverses contrées, confrontés à des religions contraires à la leur, mais qui pouvaient aussi être confondus avec certaines pratiques. En même temps, la première religion monothéiste a modifié les inscriptions des tablettes sumériennes afin d'adapter les mythes polythéistes et les intégrer à leur dogme. Le fait est qu'il n'est pas exclu que certains Nordiques aient pu accepter certains éléments du christianisme avant que des missionnaires de l'église soient envoyés. Beaucoup de pierres runiques incluent des symboles religieux chrétiens, au Danemark et en Suède, des moules en stéatite de l'ère viking (793 – 1066) ont été utilisés pour la fabrication de pendentifs à la fois de marteaux de Thor et de croix. L'historien du Xe siècle Widukind de Corvey notait que certains Danois avant la conversion croyaient « que le Christ était certainement un dieu, mais ils affirmaient que d'autres dieux étaient plus grands que lui, puisqu'ils se révélaient à travers des signes et des présages plus grands ». Par ailleurs des monuments anciens, comme la croix de Gosforth dans le cimetière de St. Mary's en Cumbria, en Angleterre, au Xe comporte des mythes païens.
Au tout début de la conversion, l'hybridation des deux religions s'est faite pacifiquement, avec l'intégration de certaines croyances chrétiennes sans pour autant oublier les dieux nordiques. Les premiers émissaires chrétiens devaient propager leur foi envers ceux qui avaient déjà mis un pied dans le monothéisme. La conversion formelle ne consistait donc pas vraiment à introduire le christianisme auprès de peuples qui ne le connaissaient pas, mais plutôt à insister pour que les peuples qui avaient déjà intégré certaines pratiques et croyances chrétiennes dans leurs propres traditions dussent abandonner complètement le paganisme et n'embrasser que le christianisme. Et la particularité de l'époque était que ce sont plutôt les dirigeants qui se sont convertis et qui ont influencé leur peuple et non l'inverse.
puis, le dogmatisme étant ce qu'il est, il n'a plus été question d'accepter une religion païenne, ou ne serait – ce que la respecter. Le christianisme est devenu obligatoire plus particulièrement au Xe et au XIIe siècle, contraignant les derniers récalcitrants à adopter la nouvelle religion. Les runes ont été interdites, vectrices de pensées et croyances païennes, supplantées par le latin.
Les historiens supposent que les Scandinaves ont été en partie amadoués à l'idée que le dieu chrétien pouvait leur apporter de nombreuses faveurs, et comme ils pratiquaient déjà des rites envers leurs propres dieux, il s'agissait d'une alternative. Par ailleurs, la christianisation s'est étendue à quasiment toute l'Europe et il était plus facile de commercer en tant que chrétien avec des chrétiens.
Les symboles nordiques sont – ils Vikings ?
Le mot viking est utilisé à toutes les sauces, surfant sur une mode où ce terme moderne est devenu un fourre – tout prônant un melting pot d'incohérences et surtout de méconnaissance. Par ailleurs, je ne condamne pas la modernité et l'envie de créer ou de refaire ces symboles, c'est okay chacun fait ce qui lui plaît et j'en fais aussi. Par contre, le fait d'écrire que cela vient des Vikings et de l'affirmer, ça m'électrise un petit peu. Internet est autant merveilleux que destructeur et les symboles, quels qu'ils soient sont soit créés ou extirpés d'une œuvre, d'un site ancien et utilisés avec des noms inventés et popularisés bien souvent sans réflexions préalables.
Les symboles celtiques comme le triquera, triskel et particulièrement les nœuds celtiques sont souvent implantés dans des symboles historiques comme Mjöllnir , le marteau de Thor ou avec les symboles germano – scandinaves, alors qu'ils sont issus d'époques différentes. Le treflot et le triskel ont des ressemblances évidentes et aussi les entrelacs trouvés notamment sur des pierres runiques avec les nœuds celtiques, cependant, il me semble juste de ne pas les placer dans un fourre – tout ensemble. J'en profite pour ajouter que si vous voyez « runes celtiques » fuyez !
De nos jours, le symbole Mjöllnir est largement popularisé, emblème des sites de vente aux allures « Viking » mais également chez les asatruars, religion reconnue dans certains pays où le mot Ásatrú signifie littéralement « croyance en les Æsir », comprenez les dieux Ases dont Odin, Thor, Tyr, Loki, etc. Très peu de symboles sont reproduits fidèlement. Vous découvrir d'autres symboles ici.
Sources : L'ère des Vikings, Winroth Anders, 2014
La conversion barbare : du paganisme au christianisme, Richard Fletcher, 1999
Les Vikings, Régis Boyer, 2015
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LA MESURE DU TEMPS
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FREYA, HEIMDALL, TYR
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QUE SONT LES RUNES ?