Le monde pas si terrible de Hel
Les sources affiliées à Snorri Sturlusson définissent Hel comme un monde horrible, de douleur, de tristesse, de froid et de glace. Les malheureux vieillards et malades qui meurent vont dans cet endroit terrifiant. Ce serait un au - delà nordique sous-terrain lugubre. Les portes du Hel sont gardées par le terrible loup Garm, taché de sang qui hurle lorsque quelqu’un tente de passer les portes ou de sortir sans y avoir été invité.Garmr est présenté comme un chien monstrueux s'apparentant fortement à la représentation du loup. Il est le gardien des portes de Helheim, enchaîné au roc béant « Gnipahellir », empêchant les vivants d'y pénétrer. Associé à la mort et à l’au-delà, Garm est un gardien psychopompe, parfois comparé à Fenrir et selon certaines sources ce ne serait qu'un seul et unique animal. Se jeter dans la gueule du loup prend ici son sens dans le fait qu'il avale les âmes et les mène dans les abîmes. Au Ragnarok, il se libérera de ses chaînes tout comme Fenrir, d'où la supposition qu'ils ne forment qu'une seule entité. Garm, le plus grand des chiens, hurlera pour le cataclysme final, s'opposant à Tyr dans un ultime combat où tous deux périront.
La Déesse qui règne en ces lieux aurait un visage mi - vivant, mi-mort, régnant sur neuf mondes infernaux, elle a pour seuil la Perfidie, pour lit la Maladie, pour écuelle la Disette et pour couteau la Faim. Cette définition obscure fait très légèrement penser à quelque chose de bien connu : l'enfer. En effet, l'influence chrétienne a remodelé cet univers pour qu'il s'accorde avec la notion du bien et du mal. Rejoindre les Dieux au Valhalla quand on a eu une vie glorieuse et aller en enfer à Hel quand on a été mauvais ou avec peu d'intérêt.
La vision des enfers des chrétiens
Intéressons – nous à la vision pré-chrétienne qui rendra quelques lettres de noblesse à la culture ancestrale scandinave qui a été si souvent altérée. Dans le poème Fafnismal, tous les morts sans exception rejoignent Hel. Dans le poème Gylfaginning, décrivant la mort de Baldr, sa mère Frigg envoie Hermod ramener son fils dans le monde de lumière. Tout est sombre lorsqu'il arrive dans ces terres brumeuses, excepté le pont d'or qui traverse la rivière Gjoll. La gardienne du pont, Modgurd s'étonne qu'un vivant veuille le traverser. Dans ce récit, des guerriers morts traversent ce pont et Baldr est à Hel. Cela prouve ainsi que tous humains et déités rejoignent cet au-delà. CQFD.
Saxo Grammaticus, antérieur à S. Sturluson décrit différemment le monde des morts nordiques. Il fait bien référence à la brume, mais derrière celle-ci, le monde est chaleureux, vert avec des paysages fleuris. Des nobles vêtus de pourpre, des personnes richement habillées et des guerriers sont dans ce lieu tous ensemble. Dans Hel, il y a Nilfhel, un environnement épouvantable rempli de terreurs, de serpents, de loups où on meurt à nouveau pour changer de forme. La spiritualité païenne admet que l'entité peut voyager dans divers espaces, mais dans le monde chrétien, quand on va en enfer, on ne peut en sortir. Côté nordique, nous avons Hel, Nilfhel et Nilfheim, mais après la christianisation seule Hel existe.
Les défunts rejoignent le puits d'Urd pour être jugés et connaître leur lieu de résidence dans l'invisible. Ils seront dirigés selon ce qui leur correspond le plus, pas en fonction de leurs péchés, mais de leur statut et leur personnalité. Dans ce cadre, il semblerait que ce soit les Dieux qui décident et pas les Nornes. Le puits Urd a été placé aussi en Asgard selon les sources, mais d'un point de vue logique, un puits puise son eau dans les souterrains et Hel en ferait le royaume parfait.
La vie après la mort dans la mythologie nordique
Lors des anciens cultes, des objets, des armes et des effets personnels pouvaient être déposés près du corps du défunt afin qu'il l'accompagne dans la mort. Les objets dépendaient de la classe sociale et des rites qui étaient très nombreux. La société médiévale scandinave avait des artisans, des fermiers, des pêcheurs, des chasseurs, des guerriers, des hommes de pouvoirs et une hiérarchisation des statuts sociaux. Un forgeron pouvait être enterré avec son marteau par exemple afin de le relier à son peuple, sa fonction et honorer sa mémoire. Certaines tombes étaient entourées de pierres et on pouvait définir la forme d'un bateau. Cela est commun à de nombreuses civilisations de définir le voyage d'un mort sur un bateau pour l'amener vers l'au – delà. Le culte des Dieux Vanes lors de ces voyages avait également une place importante. Selon certaines sources, l'intégralité des morts peu importe leur statut vont sur le territoire de Hel, ils sont ensuite déplacés ou pas selon la cause de leur mort et le choix des Dieux.
Les nobles, jarls, lords (Hersirs) et rois allaient à Valaskjálf, la Halle de Tyr. Les fermiers et les serviteurs qui étaient payés pour leur travail pour les différencier des esclaves rejoignaient la Halle de Thor et Sif. Les chasseurs allaient dans la région d'Ydalir auprès de Ull, le Dieu de la chasse de jour et de l'hiver. On suppose également que cette Déité devait avoir plus de place avant que le culte du Dieu Odin prenne autant d'ampleur. Une partie des chasseurs partaient vers Trymheimr, le domaine de la femme de Ull, Skadi, la déesse de l'hiver et des nuits de chasse.
La Déesse Saga (Sja), fille d'Odin, vivant à Sokkvabekkr qui ramène chaque jour une coupe d'hydromel à son père serait celle qui recueille les Volur (les prophétesses chamanes ). Il serait également possible que Frigg soit celle qui les accueille ? Les pécheurs et les marchands iraient dans la Halle de Njörd, Dieu de la mer et des vents et ceux morts en mer rejoindraient Ran.
Odin et les Valkyries
Bien qu'elles soient davantage connues pour emporter les valeureux et courageux guerriers morts au combat au Valhalla, elles peuvent aussi diriger la lance du héros et l'aider à mettre fin à la lutte qui l'oppose à un adversaire. Les Valkyries se présentent sous deux formes, comme des êtres célestes et comme des créatures terrestres. Leurs fonctions sont diverses, tantôt combattantes, tantôt servantes ou conseillères. Elles servent aussi de l’hydromel aux Einherjars, les héros morts d'Odin qui combattront au Ragnarok. Mais elles peuvent aussi se mêler du résultat d'un combat en décidant de la victoire ou de la défaite des camps opposés.
Outre leurs missions meurtrières, elles étaient aussi les messagères du Dieu des runes et elles parcouraient les cieux, armées de lances sur leurs superbes étalons ailés et nacrés qui étaient la personnification des nuages, leurs crinières mouillées répandaient une rosée fertile sur la terre. Leurs armures formaient parfois d'étranges lueurs colorées parant le ciel d'aurores boréales. On dit aussi qu'elles devenaient des cygnes lorsqu'elles se baignaient dans un lac et le texte de Wayland, rapporte que 3 jeunes Valkyries furent prisonnières pendant 9 ans et qu'avec leurs ailes de cygne, Wayland se serait envolé vers Alfheim.
Selon l' Edda, les Valkyries de Viðrir (Odin) seraient très nombreuses et à n'en pas douter, nous n'en connaissons pas tous les noms. En voici quelques-uns, dont certains sont largement énoncés dans des poèmes, des sagas ou des textes héroïques : Hrist, Mist, Herja, Hlökk, Geiravör Göll, Hjörþrimul Gunnr, Herfjötur Skuld, Geirönul Skögul, Randgníð. Ráðgríðr, Göndul, Svipul, Geirskögul, Hildr, Skeggöld, Hrund, Geirdriful, Randgríðr, Þrúðr, Reginleif, Sveið, Þögn, Hjalmþrimul, Þrima et Skalmöld.
Petite parenthèse qui me semble nécessaire. L'Edda poétique bien que recoupant des informations mythologiques païennes, n'en reste pas moins écrite par un chrétien.Ceux qui l'ont lu auront remarqué qu'un Dieu est moult fois nommé, cité, portant de nombreux noms et références, il s'agit d'Odin. Cependant, pour se rapprocher du culte catholique du Dieu unique et convertir ainsi les Scandinaves autant prendre une figure dans leur panthéon, se rapprochant le plus possible du Dieu chrétien.ça jette un froid, je sais. Seul Snorri Sturlusson lie Valaskjálf à Odin, car d'autres sources antérieures le lient à Tyr qui était probablement un Dieu antérieur à Odin.
Sources : Arith Härger sur YouTube
Dictionary of Norse Myth and Legend, Andy Orchard, 1997
Précis de mythologie scandinave, S. RICARD, 1863
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FREYA HEIMDALL TYR
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LES SCALDES
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RUNES DÉTOURNÉES