Les mystères de la Magie du Nord

Le Seidr des Volur

Le mot völva est dérivé du vieux – norrois vǫlr qui signifie baguette / quenouille. En poussant vers une description récente, les vƍlur sont des chamanes nordiques qui pratiquent la communication avec les esprits, la divination et usent de pratiques magiques. Une description de cette prophétesse et de ses pratiques apparaît dans le manuscrit islandais Völuspá, daté des années 800 ou 900. Une voyante rapporte au dieu Odin ses visions, le destin des dieux et des humains et des faits passés et à venir. Cette source s'inscrit dans les mythes nordiques qui selon certains érudits seraient aussi d'inspiration chrétienne, perdant un peu de son essence première. Quelques sagas comme celles d'Erik le rouge, mentionnent aussi ces prophétesses d'un autre temps.

Au – delà des mythes, les sources archéologiques et historiques amènent de bien maigres informations de leurs existences, mais en aucun cas des données très étendues. César, Jules de son prénom a écrit «  c’était chez les Germains une coutume que les mères de famille décident, après avoir consulté les signes et rendu les oracles, s’il convenait ou non d'engager un combat ; or elles disaient que le destin ne permettrait pas aux Germains de vaincre, s’ils engageaient le combat avant la nouvelle lune. » Dans une loi islandaise du XIIIe siècle, on évoque le seiðr  « útiseta at vekja tröll upp ok fremja heiðni », si on s'assoit pour évoquer les trolls et pratiquer des rites païens on s'expose à la peine de mort.

Certaines tombes ont été plus bavardes, car en y découvrant le corps de femmes parées de bijoux et d'outils occultes, il est apparu évident que ces femmes étaient respectées et pratiquaient des arts magiques. Et pour le plaisir, des baguettes inscrites avec des runes faisaient partie de certaines trouvailles. Le fait de pratiquer des actes magiques et prophétiques pour les hommes était considéré comme peu viril, déshonorant et humiliant. Des textes sexistes existaient afin de décourager ceux qui voudraient s'y adonner. Pourquoi me direz – vous ? Parce que lorsque les gentils missionnaires chrétiens tout ronron sont arrivés, les « sorcières au bûcher et les sorciers ou assimilés subissaient des humiliations cruelles, considérant les hommes comme des animaux.

La völva est une femme destinée à devenir « chamane », se libérant au cours de sa vie des taches de son village. Lorsqu'elle devient une femme sage, plutôt âgée, elle quitte son foyer. Vêtue de blanc ou portant un manteau bleu ou noir accompagnée d'un seiðstafr , elle voyage de village en village, pratique le seidr ( rituel chamanique comprenant le Spá, actes de prophéties et le Galdr, des chants incantatoires). Elle est hébergée et remerciée avec un logis lors de son temps de passage, de la nourriture et des objets luxueux. La völva est vénérée tout en étant particulièrement crainte, elle reliait les paroles des dieux, immole les prisonniers de guerre, sacrifie et possède le pouvoir de créer la famine ou l'abondance.

Sources :

Les religions de l'Europe du Nord Eddas, sagas, hymnes chamaniques, Régis Boyer, 1973

Photo : Illustration originale de Carl Larsson XIXe siècle

runes liées pierre runique

Les runes magiques historiques

Les runes sont des caractères représentant des symboles, elles s'utilisaient seules ou combinées afin de former des phrases ou des sigils appelés « bindrunes ». De nombreuses pierres érigées, bien souvent commémoratives, rendant hommage à des défunts ont été bien conservées. Des bijoux s'ornaient de runes, notamment des bractéates, utilisés comme des talismans et des fibules. Les armes, telles que les fers de lance et les épées étaient gravées de symboles, mais également des boîtes, des urnes, des pièces de monnaie et d'autres outils en os, en métal, en bois, en ivoire et en pierre. Selon les ouvrages respectifs : bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres, et arts, 1816 et une revue historique de 1876, les Scandinaves utilisaient les runes sur la pierre, sur des tablettes ou des bâtons de bois. Ils traçaient leurs calendriers astrologiques et des baguettes leur servaient à jeter des sorts. Les runes qui n'avaient aucun lien magique se nommaient Malruner et celles qui, au contraire étaient utilisées lors d'opérations de magie ou de sorcellerie étaient appelées Ramruner. L'utilisation des runes s'étendit à toutes les classes de la société selon les siècles, car peu avant leur quasi-extinction au profit du latin, des écrits de clercs érudits comportaient des runes comme le prouve le De inventione litterarum, du IXe siècle de Hraban Maur. Je propose des initiations à la magie runique.

ALU

Le mot ALU, écrit  ᚨᛚᚢ en runes se compose de la rune Ansuz, Laguz et Uruz. Cette écriture a été retrouvée sur des pierres runiques, des amulettes, des objets en divers matériaux et plus tardivement en écriture. Uniquement utilisée avec les runes de l'Elder Futhark, sa traduction et son sens réel resteront probablement un mystère bien que étymologiquement, il pourrait se rapprocher de aluh (amulette), alh (protéger) ou encore ale (objet enivrant). Les chercheurs s'accordent pour la plupart de considérer que ce mot était gravé dans un but magique. ALU a aussi était trouvé tel un anagramme LUA ou tel que SALU, sauf que niveau supposition de traduction, on fait référence au sacrifice.

Nous savons que les runes pouvaient s'écrire de gauche à droite, de haut en bas, dans toutes les directions en somme, sous forme de palindromes, de runes liées, de runes cryptées, codées et aussi de manière indéchiffrable comme ALU, LAUKAZ et ERILAZ ou ERILAR et quelques autres. Ces noms se retrouvent dans des dispositions similaires ce qui suppose qu'ils avaient tous 3 des utilisations tournées vers une utilisation spécifique. Et comme certains étaient accompagnés de répétitions, de runes liées et de symboles, la volonté magique est presque évidente.

Laukaz se rapproche énormément de la rune nommée Laguz, écrite Laukaz en vieux – norrois, traduite par poireau ou ail. On imagine que graver poireau sur une amulette protège moyennement bien ou pour l'odeur. Vous avez déjà oublié un poireau dans le frigo ? Je ne recommande pas. Plus sérieusement, ce terme serait vecteur d'une intention de fertilité en référence à l'eau nourricière et la durée de conservation.

Erilaz ou Erilar se traduirait par magicien, maître des runes ( vitki plus traditionnellement), ce mot écrit en runes pourrait être un dérivé de erǭ, combat, bataille, et ensuite poursuivre linguistiquement par homme guerrier. Cette inscription a été retrouvée sur des pierres, des objets datés de 200 jusqu'à 400, mais en très petit nombre.

Source : Introduction à la runologie, Lucien Musset, 1965

Anthologie Runique, Alain Marez, 2007

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